La note de l’Italie dégradée par S&P par manque de crédibilité politique


S&P a dégradé la note sur la dette souveraine de l'Italie à A et maintient sa perspective négative. Un abaissement justifié par la conjonction d'une situation budgétaire déjà très délicate, de mauvaises perspectives économiques et une absence de visibilité politique.



La note de l’Italie dégradée par S&P par manque de crédibilité politique
L’agence de notation S&P a abaissé la note de l’Italie d’un cran à A sur les obligations d’Etat à long terme, contre A+ précédemment (échelle de S&P : AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-…). La perspective (outlook) sur cette note reste négative, ce qui implique que S&P pense qu’un nouveau mouvement de baisse est probable dans les prochains mois.

L’agence justifie cette dégradation de la note à la fois par une dette publique toujours plus importante, de mauvaises perspectives économiques et une absence de visibilité politique.

Dans le premier cas, la dette publique italienne est la plus élevée de tous les pays de l’OCDE en dehors du Japon, à près de 120 % du PIB (critère Maastricht) et continue d’augmenter. En effet, comme nous l’avons écris hier, le déficit de l’Etat italien reste important et on n’observe pas d’amélioration par rapport aux années précédentes.

Du côté des perspectives économiques, en Italie comme ailleurs, il faut constater qu’elles sont mauvaises à court terme, avec un risque très important de nouvelle récession au tournant de l’année. Bien évidemment, cette récession n’est pas prise en compte par la stratégie d’assainissement budgétaire. Il faudra donc probablement faire plus d'effort pour atteindre les objectifs de réduction du déficit.

Dans ce contexte, l’absence de lisibilité politique, avec une coalition au pouvoir faible et à l’avenir incertain, pose le problème de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les mesures d’austérité ambitieuses prévues (60 milliards € de coupes budgétaires) et à parvenir à un budget à l’équilibre dès 2013. Le contexte politique rend possible une guerre de lobby conduisant à détricoter le plan d’austérité ou à différer son application.

Les réactions sur les marchés sont plutôt modestes dans les premiers échanges. La dégradation de la note sur les obligations souveraines italiennes était attendue et intégrée en partie. Les taux italiens 10 ans sont quasi-stables. La bourse italienne progresse à l’ouverture. En revanche, l’or progresse plus nettement, revenant au-dessus des 1780 $/oz après avoir touché 1770 $/oz cette nuit, signe que la nervosité est tout de même présente.

Pourquoi est-ce important ?

Le pays est à la croisé des chemins, avec des finances publiques risquant de basculer dans la spirale de l’insolvabilité. Comme le niveau de dette publique est déjà limite, le déficit se réduit difficilement et la charge d'intérêt va grossir avec la hausse des taux sur les obligations d’Etat, un effet boule de neige est désormais possible. 2012 sera une année charnière. Reste à savoir si le marché obligataire laissera suffisamment de temps à l’Italie pour prouver qu’elle peut contrôler la situation.

Équipe Gecodia.fr

Mardi 20 Septembre 2011



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