Le Bund ne profite pas la crise de la dette, le secteur financier stocke du cash


Les investisseurs liquident leurs obligations publiques en zone euro mais ne se ruent pas vers les valeurs refuges (Bund, or, yen ou dollar). Le cash semble avoir la préférence des banques et des assureurs. Le financement de l’économie européenne est menacé.



Le Bund ne profite pas la crise de la dette, le secteur financier stocke du cash
Depuis cet été, la perte de confiance dans la qualité des dettes publiques de quasiment tous les états de la zone euro, y compris des pays notés AAA comme la France ou l’Autriche, envoient les taux d’intérêt dans le décor.

Les détenteurs de dettes publiques, principalement européens mais aussi les banques japonaises, anglaises ou américaines, vendent massivement les obligations d’Etat des pays périphériques (PIIGS) et allègent leurs expositions à la France ou à d’autres pays centraux. Cette pression vendeuse fait baisser les prix des obligations, donc monter les taux.

Mais, que font les investisseurs de l’argent récupéré via ces ventes « détresses » ?

Premièrement, si les taux des obligations explosent, le Bund n’en profite plus. Depuis début novembre, le taux 10 ans allemand ne recule plus. Il n’y a donc pas de ruée vers l’Allemagne sur les dernières semaines.

On n’a pas non plus de sortie massive de la zone euro, le taux de change de l’euro ne se dépréciant que modérément. Les monnaies « refuges » (yen, dollar) s’apprécient face à la monnaie unique mais sans excès. Pas non plus de repli sur les actions ou sur l’or (en baisse).

Il nous paraît vraisemblable de penser que le secteur financier européen stocke du cash à grande échelle, comme à l’automne 2008 après la faillite de Lehman. Comme le montre le graphique ci-dessus, on note une envolée depuis l’été des « autres actifs » dans les bilans bancaires. Ces données n’incluent pas que le cash mais il est raisonnable de penser qu’une telle évolution ne peut pas être liée à une soif soudaine pour des produits dérivées. Les assureurs font probablement la même chose (pas encore de données définitives sur le T3 2011).

Pourquoi est-ce important ?

Le secteur financier se construit un matelas de sécurité (cf. crise interbancaire) et agit préventivement sur les obligations AAA pour limiter les pertes potentielles. L’amélioration des ratios prudentiels, notamment des banques, passe pas une réduction de l’implication dans l’économie de la zone euro. Un prélude à un credit crunch similaire à celui de fin 2008 et début 2009.

Équipe Gecodia.fr

Vendredi 18 Novembre 2011



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