Augmenter les salaires : la dernière chose à faire ?


La BCE craint la matérialisation des effets de second tour, via la contamination de la boucle prix-salaires. Cette menace semble encore très lointaine.



La déclaration de J.-C. Trichet ce week-end, sur les salaires a été assez éclairante sur les craintes agitant la BCE. Derrière la phrase « augmenter les salaires est la dernière bêtise à faire en Europe », se profile la peur des effets de second tour, soit une contagion à l’ensemble des prix de la hausse des cours des matières premières.

Une contamination de la boucle prix-salaires est redoutable car elle peut potentiellement provoquer une spirale inflationniste comparable à celle de la fin des années 60 au début des années 80. Les entreprises accordaient des hausses de salaire pour suivre un choc d’inflation (choc pétrole dans les années 70) mais répercutaient cette augmentation sur les prix, réduisant à néant les gains de pouvoir d’achat. On entre alors en stagflation.

Cette crainte paraît pour l’instant très largement infondée. D’une part parce que la situation sur le marché du travail en zone euro réduit fortement le pouvoir de négociation des salariés (mis à part en Allemagne). Le chômage reste à 10 % pour l’ensemble de la zone et les créations d’emplois nulles. Comme le montre le graphique ci-dessus, la modération salariale a suivi la courbe du chômage.

D’autre part parce que, les entreprises profitent de la sortie de récession pour réaliser des gains de productivité important. Ainsi, la productivité du travail progresse actuellement plus vite que la hausse des coûts salariaux (cf. graphique ci-contre). Les entreprises de la zone euro sont en train d’augmenter leur marge (cf. graphique sur la marge des entreprises en zone euro). Même si le recul de la profitabilité des entreprises de 2008-2009 est loin d’être complètement rattrapé, la pression sur les coûts de production des entreprises européennes n’est clairement pas du côté des salaires.

Equipe GECODIA

Mardi 22 Février 2011