Crise de la dette : aggravation de la situation budgétaire en Grèce


Le déficit public de l’Etat grec s’élargit en 2011. Les recettes ne rentrent pas et les dépenses restent très dynamiques. La course à l’austérité est contre-productive sans une refonte du fonctionnement de l'Etat.



Le besoin de financement de la Grèce augmente sur la période janvier-août 2011 par rapport à la même période de 2010. L’Etat central grec a du trouver 23,08 milliards € d’argent frais pour financer son fonctionnement sur les 8 premiers mois de 2011, contre 15,5 milliards € pour l’année dernière. Les transferts aux collectivités locales sont inclus.

L’aggravation du déficit est liée à la fois à un recul des recettes fiscales (-4 % sur un an) et à l’augmentation des dépenses budgétaires (+5 %) et des intérêts payés (+19 % | 13 milliards € sur janvier-août 2011, soit 23 % du total des dépenses). Le gouvernement agit sur les dépenses d’investissement (-30 %) pour limiter la progresser des dépenses totales.

A la suite d’une modification des cibles budgétaires à atteindre pour cette année ce été, le budget reste dans les clous des accords européens. En effet, le gouvernement grec tablait sur un déficit hors transferts de 19,0 milliards € et il est finalement à 18,1 milliards €.

Côté recettes, la récession en Grèce, avec un recul de 7,3 % du PIB sur un an (-5,5 % pour le PIB nominal), a logiquement un impact négatif. Mais, la Grèce a aussi des problèmes évidents de collecte de l’impôt. Il est toujours difficile de parler de l’ampleur de la fraude fiscale car par définition elle n’est pas quantifiable. Néanmoins, il paraît tout aussi difficile d’en nier l’existence et de ne pas voir dans le recul des recettes (alors même que de nombreuses impositions ont été augmentées) une résultante du mauvais fonctionnement du fisc grec.

Côté dépenses, pour l’instant le gouvernement grec agit là où c’est le plus facile : l’investissement. Outre les conséquences négatives à moyen terme sur l’état des infrastructures et sur la croissance potentielle, il faut aussi y voir l’absence de volonté pour réduire significativement l’excédent de dépenses de fonctionnement plombant le budget.

Pourquoi est-ce important ?

Les deux plans d’aide FMI+UE (2010 et cet été) reposent sur une hypothèse important : la Grèce a juste besoin de temps pour rétablir sa solvabilité budgétaire. Or, même en privatisant à tour de bras pour rembourser la dette ou en actant un défaut (/restructuration/« reprofillage »), l’Etat grec restera en déficit et devra trouver de l’argent pour ne pas être en banqueroute complète. Sauf à supposer que l’on maintiendra Ad vitam æternam les aides, il faut donc que le budget de l’Etat grec revienne à l’équilibre, au moins pour son déficit primaire (déficit hors intérêts).

Or, les tendances pour les recettes et les dépenses laissent entrevoir un échec. Dans ce contexte, la tranche d'aide de 8 milliards € prévue en septembre a été reportée et la Finlande se crispe sur sa demande de garantie en contrepartie de son aide. Il y a donc fort à parier que l’on continue pour encore plusieurs semaines à alterner entre annonces de nouvelles mesures d’austérité (inefficaces car mal implémentées) et rumeurs de défaut (alimentant le risque de crise interbancaire).

Une solution réaliste à la crise grecque passerait par une refonte complète du fonctionnement de l’Etat qui serait accompagnée par une aide durable et déterminée de la part de l’UE (incluant une restructuration de la dette et un soutien pour le système bancaire européen). Or, pour l’instant, il n’y a rien eu de vraiment concret d’un côté comme de l’autre.

En revanche, la contagion au Portugal et à l’Irlande (sans parler de l’Espagne ou de l’Italie) est en grande partie « injuste ». Ces Etats ont des plans d’austérité crédibles et – surtout – les mesures sont effectivement implémentées.

Équipe Gecodia.fr

Lundi 19 Septembre 2011