Crise de la dette : les achats de dette de la BCE dépassent 160 milliards €


La BCE a acheté pour plus de 160 milliards € de dettes grecques, irlandaises, portugaises, espagnoles et italiennes. La banque centrale de la zone euro ne semble s’imposer aucun plafond a priori.



Crise de la dette : les achats de dette de la BCE dépassent 160 milliards €
La Banque Centrale Européenne (BCE) a commencé à intervenir en l’automne 2009 sur le marché obligataire afin d’essayer de limiter l’extension de la crise de la dette. A travers son programme d’achat d’obligation (Securities Market Programme – SMP), la BCE a dans un premier temps (mai 2010 – juillet 2010) acheté de la dette publique grecque et irlandaise. Puis, fin 2010 et début 2011, elle est passée aux obligations portugaises et – dans une moindre mesure –espagnoles. Depuis cet été, elle a rajouté les obligations d’Etat italiennes à ses achats.

L’extension de la crise de la dette à des pays d’importance majeure sur le marché a fait s’envoler l’encours du SMP depuis le mois d’août 2011 (Italie : premier émetteur de dette obligataire en zone euro ; Espagne : 4e émetteur). Il atteint désormais 163 milliards € de dettes publiques contre 74 milliards € début août. Cette montée en puissance dépasse largement celle de mai 2010, lorsque la BCE avait décidé d’acheter de la dette en grande quantité pour répondre aux premiers feux de la crise en Grèce.

Il faut noter que le SMP est stérilisé, la BCE ne fait pas tourner la planche à billet dans ce programme.

Les achats dépassent désormais largement ceux de covered bond (dettes structurées émises par des banques et assises sur leur portefeuille de prêts). Le programme covered bond purchase programme (CBPP) plafonne à 59,2 milliards € depuis mi-2010. En octobre, a BCE a décidé de rajouter 40 milliards € de dettes bancaires au CBPP mais ce montant sera acheté très progressivement (achats étalés sur un an).

Crise de la dette : les achats de dette de la BCE dépassent 160 milliards €
Au total, le SMP et le CBPP représentent désormais 222,3 milliards € d’actifs. Ce montant approche désormais le portefeuille d’obligations détenues dans des « conditions normales » par la BCE, soit 338,5 milliards € de dettes privées et publiques.

Pourquoi est-ce important ?

La BCE est depuis plus de 2 ans l’acteur institutionnel européen le plus actif dans la gestion de la crise de la dette. Cependant, son action se limite à un rôle d’« acheteur en dernier ressort » sur le marché obligataire. Cette action limite la dérive des spreads mais ne l’empêche pas, la BCE n’ayant pas un poids suffisant pour piloter un marché de plus de 2 500 milliards € (emprunts obligataires d’Etat de l’Italie, Espagne, Grèce, Portugal et Irlande).

Toutefois, depuis plus de 2 ans, la question se pose quant à la limite de ces interventions. Avec le départ des membres les plus hostiles au SMP (A. Weber et J. Stark), il semble que la BCE ne s’impose aucun plafond a priori et utilise à plein le programme pour tenter de juguler l’extension de la crise de la dette.

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 13 Octobre 2011




1.Posté par BillB le 13/10/2011 17:46
Pouvez-vous expliquer le mécanisme de stérilisation?
Merci

2.Posté par Equipe GECODIA le 13/10/2011 17:57
Bonjour,

Chaque semaine, la BCE récupère la liquidité injectée via les achats SMP en effectuant une opération de fine-tuning (inverse d'une opération de refinancement). La BCE offre aux banques de déposer du cash pour un montant égal à l'encours de SMP auprès d'elle.

Ce qui est donné d'un côté est récupéré de l'autre. 2 inconvénient : l'opération doit être reconduite semaine après semaine et il existe toujours la possibilité que les banques ne déposent pas la liquidité demandée. Pour l'instant ça fonctionne hormis deux accros fin 2010.

Meilleures salutations,

3.Posté par BillB le 13/10/2011 18:02
Ok. Merci pour votre réponse.

4.Posté par jean-luc m le 14/10/2011 07:02
A ceci près que s'il y a un défaut de paiement de la Grèce (on parle d'une remise de 50%) ce n'es plus la banque privée qui avait spéculée sur les taux d’intérêts grecs plus élevés mais bien la BCE et donc en définitive le contribuable européen qui va prendre les risques.
En logique libérale de la "saine gestion des marchés" comment justifier alors ces taux élevés? et donc ces profits conséquents....


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