Crise de la dette : les fonds obligataires réduisent la voilure


Les clients des fonds obligataires et diversifiés retirent leur argent. Cette pression et une recherche de la sécurité de la part des fonds aggravent la crise de liquidité pour la dette publique de la zone euro.



La dette publique de la zone euro est principalement détenue par les banques européennes, mais la crise de la dette concerne aussi d’autres investisseurs, notamment les assureurs et les fonds de placements de la zone euro. Les données sont plus rares sur ces investisseurs mais la dernière livraison de la BCE permet d’éclairer un peu leur rôle.

Les fonds (type OPCVM obligataire ou diversifié) détiennent fin septembre pour 682 milliards € de dette obligataire émise par les états de la zone euro. Ce qui fait pas loin de 10 % du total circulant sur les marchés.

Or, ces fonds subissent sur les derniers mois une pression très forte de décollecte, c'est-à-dire que ceux qui qui y ont placé de l’argent le retirent. Ceci oblige les fonds à se séparer d’une partie de leurs actifs afin d’assurer les remboursements, donc alimente la pression vendeuse sur les marchés de la dette. Ainsi, les fonds obligataires ont du rendre 13,9 milliards € à leurs clients en août et 16,2 milliards € en septembre. Pour les fonds diversifiés (mélangeant principalement actions et obligations), le flux est de 10,6 puis 5 milliards € sur les mois d’août et septembre.

Si les avoirs détenus sous forme d’obligations d’Etat sont relativement stables pour l’ensemble de la zone euro, c’est parce que les fonds ont reporté une partie de leur avoir sur le Bund pendant l’été. Mais ce mouvement n’est plus observé sur l’automne, comme le prouve la stabilisation puis la remontée des taux allemands et la préférence pour le cash.

Pourquoi est-ce important ?

A cause des retraits des clients – qui sont tout sauf des spéculateurs acharnés (fonds de placement d’épargne, fonds de pensions, mutuelles, assureurs, ménages ou entreprises) – et une recherche plus poussée de la sécurité pour les placements restants, les fonds aggravent la crise pour les états les plus en difficultés et augmentent le risque de contagion pour les autres du fait de leur poids non négligeable.

La crise de la dette était une crise de confiance et est devenue une crise de liquidité. La dette italienne ou espagnole, même à court terme, n’intéresse plus les fonds obligataires, où le capital investi est censé être quasi-sécurisé (donc pas de perte de marché trop importante et encore moins de défaut). La dette allemande commence aussi à rencontrer une certaine défiance.

Équipe Gecodia.fr

Lundi 28 Novembre 2011