Et pendant ce temps là au Japon, la dette dépasse 200 % du PIB


Les finances publiques du Japon sont dans un état plus que médiocre. La charge de la dette absorbe la moitié des recettes fiscales et la dette publique dépasse 200 % du PIB. Pourtant, aucune crise de la dette dans ce pays. Pourquoi ?



Alors que la zone euro est confrontée à une remise en cause généralisée du risque associé aux dettes publiques des états, avec des primes de risques par rapport à l’Allemagne (les spreads) qui s’envolent, y compris pour les pays AAA, la dette publique du Japon dépasse désormais 200 % du PIB.

Le budget de l’État japonais est profondément déséquilibré. Les dépenses sont depuis 2009 financées à près de 50 % par l’emprunt. Sur le budget 2010, la charge de la dette a absorbé plus de 20 trillions ¥ pour des recettes fiscales autour de 40 trillions ¥.

Le pays s’est aussi fait dégrader par les agences de notation : S&P début 2011 (à AA-) et Moody’s en août dernier (Aa3). Malgré cela, le taux 10 ans japonais reste autour de 1 %, le plus bas au monde. Le CDS* japonais est actuellement proche de 120 pb contre 230 pb pour la France. Une gageure quand on pense que la dette publique de la zone euro, dans son ensemble, atteint 87 % du PIB au deuxième trimestre 2011.

Cette situation à plusieurs explications. D’une part, le marché pour la dette d’État japonaise est très peu internationalisé. Les étrangers ne détiennent que 5 % de la dette publique (septembre 2010, source : ministère des finances). Dans ces conditions, difficile de connaître une pression vendeuse de l’extérieur.

Du côté domestique, ce sont principalement des établissements publics, des assureurs ou des fonds de pensions qui sont de gros détenteurs de dette. La Poste (banque publique) est aussi un gros morceau. Enfin, la Banque centrale (BoJ) est aussi un gros acteur du marché, avec 8 % de l’encours. Bref, une bonne partie de cette dette est « pilotée » par des acteurs publics ou bien par des investisseurs à long terme (assurance et fonds de pensions).

D’autre part, le pays dispose d’une liquidité abondante pour se financer. Le Japon à une balance courante excédentaire, les capitaux rentrent donc dans le pays. De plus, l’État japonais détient près de 80 % du PIB d’actifs (y compris des actions, des participations…). Enfin, dans le cadre de sa lutte contre la déflation, la Banque centrale fait tourner la planche à billet (quantitative easing). Ses achats de dette publique ont représenté près de 15 % des émissions en 2010. Rien ne l’empêchera (et surtout pas un risque inflationniste) d’en faire un peu plus si nécessaire.

Au final, à moyen terme, le risque de défaut est négligeable. Dans ce contexte, la réaction des marchés est cohérente.

* instrument financier qui sert à mesurer comment le marché « perçoit » le risque de défaut à court terme. Plus le CDS est élevé, plus le risque est jugé élevé.

Équipe Gecodia.fr

Vendredi 18 Novembre 2011