Extension du domaine de la crise : taux allemands en hausse, 10 ans français à 3,7 %

L’adjudication ratée de ce matin pour une obligation allemande provoque une poussée généralisée pour les taux d’intérêt, y compris pour le Bund. Si les spreads bougent peu pour les grands pays (France, Italie et Espagne) c’est parce que désormais la hausse des taux allemands accompagne celles des autres pays.

Le taux 10 ans de l’Allemagne repasse au-dessus de 2 % pour la première fois depuis fin octobre. La hausse sur l’ensemble des maturités atteint environ 10 pb (100 pb = 1 %).

Lors de l’enchère, la demande pour le Bund 10 ans n’a atteint que 3,6 milliards € sur 6 milliards €. Si une demande plus faible que l’offre arrive régulièrement pour ce pays, l’écart est trop grand pour passer inaperçu. La préférence des investisseurs va au cash et même une valeur jugée sans risque, comme le Bund, en fait les frais. La crise de liquidité pour les Etats prend un peu plus forme, la base d’investisseur se réduisant partout (y compris en France, cf. dernière adjudication de l’AFT).

Cette fébrilité, encore à confirmer, montre que l’Allemagne n’est pas à l’écart de la crise de la dette, la contagion la concerne aussi.

Dans ce contexte, les spreads des pays ne progressent que faiblement pour la France, l’Italie ou l’Espagne alors que les taux sont eux en nette hausse (cf. tableau ci-dessous).

Ainsi, le taux 10 ans français passe la barre des 3,7 %, le taux italiens poussent au-delà de 7,4 % et le 10 ans espagnols approche 6,7 %. Pour toutes les maturités, les taux sont en progression et les spreads sont globalement en hausse de 10 pb (100 pb = 1 %) mis à part pour le spread 30 ans. Les taux sont désormais revenus juste en dessous de leur plus haut de jeudi dernier. Le stress sur le marché obligataire est très vif.

Les taux courts italiens enregistrent une nouvelle poussée, à 7,3 %, ce qui est un très mauvais signal. Les investisseurs juge que détenir une obligation italienne à 2 ans est quasiment aussi risqué que d’en avoir une qui court sur 10 ans, signe que le défaut de l’Etat italien gagne en probabilité.

La Belgique est le pays qui souffre le plus aujourd’hui avec une hausse des taux très forte, le 10 ans prenant 40 pb par rapport à hier, à 5,5 %. Il est désormais au niveau de celui de l’Espagne début novembre. L’échec des négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement provoque une vive défiance et les détenteurs d’obligations belges ont liquidé aujourd’hui une partie de leurs positions.

Après les PIIGS, voici les PIBIGS… La BCE ne va plus savoir ou donner de la tête avec son programme SMP d’achat de dettes souveraines.