FOMC du 20-21 septembre 2011 : twist again à la Fed


La Fed a remis au goût du jour une politique vieille de 50 ans, l'"operation twist". En allongeant la maturité de la dette publique qu'elle possède, elle veut faire baisser les taux long terme afin d'essayer de stimuler l'économie US.



A l’issue de sa réunion du 20-21 septembre, Réserve Fédérale américaine (Fed) a annoncé qu'elle va allonger la maturité de son portefeuille d’obligations d’Etat US (« operation twist »). Elle va vendre les emprunts d’Etat à court terme (moins de 3 ans) qu'elle possède pour acheter des emprunts long terme (entre 6 et 30 ans). La Fed « twistera » pour 400 milliards $. Cela s’est déjà fait dans les années 60 (1961-1963).

De plus, la banque centrale a réservé une petite surprise sur les MBS (Mortgage Backed Securities, dette hypothécaire structurée garantie par les fameuses agences Freddie Mac et Fannie Mae). Lors du QE 1, la Fed avait acheté pour 1 250 milliards $ de MBS et 175 milliards $ de dette directement émise par les deux agences. Ces titres de dette arrivant à échéance, elle avait décidé de réinvestir l’argent ainsi récupéré pour acheter des obligations d’Etat (QE 1.2). Le portefeuille de MBS et de dette d’agence avait alors décru avec le temps, tombant respectivement à 885 milliards $ et 110 milliards $ la semaine dernière. La Fed va désormais réinvestir l’argent récupéré sur les remboursements dans des MBS et non dans des emprunts d’Etat, afin de soutenir le marché des prêts immobiliers aux USA.

Ces deux opérations n’engendreront pas de gonflement du bilan (pas de quantitative easing 3 mais un QE 2.2) car les achats seront compensés par les ventes ou par les remboursements (pas de planche à billet).

Le communiqué pour le FOMC n’a pas comporté de surprise particulière concernant le jugement sur les conditions économiques et financières.

Pour la Fed, la croissance économique est lente. Il n’y a pas d’amélioration de fond sur le marché du travail (chômage élevé et consommation contrainte) et la construction de logement ou de locaux est toujours déprimée. La Fed rappelle que son double mandat est sous pression. A moyen terme, le risque pour le chômage et l’inflation d’être en dehors des clous est substantiel.

L’inflation est certes un peu élevée actuellement mais la Fed s’attend à la voir refluer vers la cible (2 %) voire en dessous dans les trimestres à venir (pas de transmission du choc de prix sur les matières premières). Les anticipations d’inflation sont stables et ne posent pas de problème. La Fed continue de tabler sur une croissance se renforçant au fil du temps mais elle souligne que le chômage ne refluera que lentement.

Le communiqué conserve le passage sur le maintien du taux Fed Funds inchangé jusque mi-2013 (bande 0 % / 0.25 %).

Pourquoi est-ce important ?

L’idée est de faire baisser les taux d’intérêt à long terme, ceux à court terme étant déjà bien ancrés par la volonté affichée par la Fed de maintenir le taux Fed Funds inchangé jusque mi-2013. Cet écrasement attendu de la courbe des taux devrait réduire le coût du financement pour les entreprises et les ménages et ainsi stimuler l’économie US. Toutefois, le canal du crédit reste givré et la demande de crédit de la part des ménages et des PME est faible (crise immobilière et absence de demande interne dynamique). Le pari de la Fed est donc loin d’être gagné.

La Fed n’a cessé d’innover depuis 2008. Pour autant, la croissance n’a jamais réussi à revenir vers le potentiel et le double dip rôde. La politique monétaire vise à contrôler in fine le flux de crédit à travers les taux d’intérêt. Mais est-ce une bonne réponse face à une crise d’excès d’endettement ?

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 22 Septembre 2011