L’inflation en Chine n’enraye pas la progression du revenu des ménages, la consommation accélère


Les gains de pouvoir d’achat pour les ménages chinois n’ont pas été plombés par l’inflation. Ceci permet à la consommation des ménages de se renforcer, même si le modèle économique reste déséquilibré.



Malgré une inflation supérieure à 5 % depuis le début de l’année et supérieur à 6 % depuis cet été, les ménages chinois ne subissent pas un choc sur leur pouvoir d’achat.

Le revenu par tête corrigé de l’inflation continue de progresser vivement, avec une hausse en zone urbaine de 9,5 % sur un an au troisième trimestre 2011 et de 15,0 % en zone rurale. La poussée inflationniste n’a pas empêché le revenu réel d’accélérer sensiblement pour les Chinois. Le mouvement est plus sensible en zone rurale, la progression dépassant 15 % sur les trois trimestres écoulés contre 10,4 % en moyenne sur la même période de l’année dernière. En zone urbaine, l’accélération est plus modeste, le revenu réel urbain passant au-dessus de 9 % sur le T2 et le T3 2011 alors qu’il était proche de 8 ½ % en moyenne entre fin 2009 et début 2011.

Les pouvoirs publics ont concédé des efforts importants pour stimuler les revenus (forte augmentation des minima salariaux, subventions des prix agricoles), même si les zones rurales ont la priorité depuis 2009, dans une optique de rééquilibrage de l’activité économique entre campagnes et villes.

Ces gains importants de pouvoir d’achat mais aussi des réformes sur le système de protection sociale (santé, retraite) et le coût de l’éducation donnent des marges de manœuvre importante pour consommer. La consommation des ménages chinois se renforce sur le T3 2011. Pour les zones urbaines, soit près des ¾ de la consommation totale en Chine, la variation est de +9,6 % sur un an au troisième trimestre, en nette hausse par rapport au point bas du T1 (+5,9 % ; cf. graphique ci-dessus). Dans les campagnes, la consommation par tête bondit de 16,8 %, conservant un rythme enlevé depuis le début de l’année.

Dans ce contexte, le taux d’épargne des ménages en Chine se stabilise dans les villes (à près de 30 % du revenu ; cf. graphique ci-contre) et diminue en zones rurales (à 44 %). Il est encore trop tôt pour parler de tendance à la baisse du niveau d’épargne, la protection sociale restant anémique et les infrastructures commerciales déficientes dans les campagnes, mais une inflexion semble se dessiner.

Pourquoi est-ce important ?

L’évolution des comptes de ménages va dans le sens d’une croissance plus soutenable en Chine. Le modèle économique chinois souffre d’un déséquilibre massif entre l’investissement et la consommation des ménages, cette dernière ne pesant que 35 % du PIB en 2010 en Chine. Un tel niveau est une anomalie, y compris parmi les BRIC (Brésil ou Inde : plus de 60 % du PIB).

Toutefois, du fait de son faible poids dans le PIB, 10 % de hausse pour la consommation ne peut générer que 3,5 % de croissance en Chine. Le consommateur chinois n’est pas encore près à devenir le moteur de l’économie chinoise, et a fortiori de l’économie mondiale.

Équipe Gecodia.fr

Mercredi 19 Octobre 2011