Croissance + liquidité = serrage de vis
Deux thématiques sont actuellement très présentes au niveau des BRIC : le retour de l’inflation et la possibilité de matérialisation de bulles sur les prix d’actifs, notamment sur les marchés actions et l’immobilier résidentiel.
Le premier thème est à relier à la forte reprise observée depuis le 2e trimestre de cette année. La croissance dans les BRIC est principalement alimentée par la demande interne, elle-même fortement stimulée par un assouplissement monétaire hors norme (baisse de taux agressive et injection de liquidités) et des plans de relance importants. Dans le même temps, la reprise du commerce international, après l’arrêt cardiaque de fin 2008 début 2009, participe à soutenir l’[activité industrielle dans ces pays.]urlblank:http://www.gecodia.fr/L-activite-flambe-dans-l-industrie-asiatique_a46.html
Le second thème est lui plus relier aux flux de capitaux nets, notamment à court terme. Après une brève correction fin 2008 et début 2009, les flux sont redevenus nettement positifs (balance commerciale, investissement direct étranger et capitaux de court terme). Ainsi, les investissements de court terme (flux de portefeuille) dépassent nettement les niveaux pré-crise. Ceci peut avoir plusieurs effets déstabilisant pour les BRIC :
- si l’afflux de monnaie étrangère n’est pas stérilisé, ceci peut provoquer un gonflement indésirable de la liquidité et au-delà du crédit dans ces économie ;
- les capitaux à court terme peuvent faire « décrocher » les prix des actifs par rapport à leur fondamentaux. En cas de retrait rapide, ceci mène au crack financier ;
- enfin, en Inde où le taux de change est flottant, cette situation participe à faire s’apprécier la monnaie, ce qui nuit à la compétitivité des prix, notamment pour les échanges sud-sud.
Actuellement les deux risques se renforcent dans les deux grands émergents d’Asie. Les prix énergétiques et alimentaires (Inde surtout) poussent l’inflation à la hausse (cf. graphique). Les [prix d’actifs ont aussi bien rebondi.]urlblank:http://www.gecodia.fr/L-immobilier-chinois,-peur-sur-la-bulle_a43.html
D’autre actions dans les tuyaux
Ce contexte a logiquement poussé les deux banques centrales à durcir leur politique monétaire. Elles ont toutes deux monté leurs taux de réserves obligatoires (part des dépôts que les banques ont obligation de bloquer sur un compte auprès de banque centrale) : +50pb à 15 % en moyenne en Chine (12 janvier) et +75 pb à 5,75 % en Inde (29 janvier). Les deux banques ont surpris les marchés, la PBC en agissant plus vite et la RBI en frappant plus fort. Cette action présente l’intérêt de calmer l’activité économique en jouant du côté de la liquidité circulant dans l’économie, donc à faire face aux deux problèmes.
D’ici à la fin du printemps, d’autres actions sont probables de part et d’autre. Le durcissement monétaire « quantitatif » visant à ponctionner de la liquidité devrait rester l’instrument principal en Chine. En revanche, l’Inde devrait privilégier les hausses de taux directeurs, la problématique du crédit (cf. graphique ci-dessus) y étant moins prégnante.