A l’issue de sa réunion de décembre 2011, la Banque Centrale Européenne (BCE) a abaissé son taux refi à 1 % (-25 pb), la seconde baisse consécutive. Le taux directeur était encore à 1,5 % en octobre dernier. En outre elle a encore assoupli les règles d’accès à la liquidité et à même réduit son taux de réserve obligatoire de 2 % à 1 %.
Il ressort du communiqué de la BCE que les risques sur la croissance se renforcent encore à la baisse tandis que ceux sur l’inflation sont équilibrés. Le principal risque pesant sur l’économie européenne est, bien évidemment, une intensification de la crise de la dette et de ses impacts financiers mais aussi économiques (austérité).
Il n’y a pas de modification du côté du pilier monétaire, les croissances des crédits au secteur privé et plus largement de la masse monétaire M3 sont faibles et donc le risque inflationniste inexistant de ce point de vue.
Les nouvelles projections économiques du staff de la BCE sont :
- pour 2012 : croissance à 0,2 % et inflation à 2,0 %.
- Pour 2013 : croissance à 1,3 % et inflation à 1,6 %.
Ces projections tablent sur un retour graduel de l’inflation sous 2 % en 2012 (3 % en novembre 2011) puis une inflation sous la cible en 2013. La zone euro est aussi placée en récession sur le premier semestre 2012 puis la croissance reprendrait faiblement, restant nettement sous son potentiel (entre 1 ¾ % et 2 %). Au final, la zone euro aura durablement besoin d’une politique monétaire accommodante.
Le discours est suffisamment sombre pour laisser la porte ouverte à de nouvelles baisses, soit un refi sous 1 % pour la première fois de son histoire. Mais les oppositions existent au sein du Comité de Gouverneurs (cf. ci-dessous).
Outre la baisse du refi, la BCE va encore augmenter sa provision de liquidités aux banques. Elle va prêter aux banques à 3 ans, ce qui rajoute une nouvelle maturité à son attirail allant de une semaine, à 6 mois puis 1, 2 et maintenant 3 ans. Les prêts seront en « open bar » (demande entièrement accordée). De plus, les collatéraux acceptés en garantie pourront être de moins bonne qualité.
Plus surprenant, la BCE va réduire de 2 % à 1 % son taux de réserve obligataire. Il s’agit de la fraction des dépôts que les banques doivent obligatoirement immobiliser et déposer à la BCE. Ceci va venir gonfler la base monétaire.
Le problème est que beaucoup de la liquidité déjà injectée ne circule pas mais revient chaque semaine en dépôts auprès de la BCE. Les banques européennes ont un problème de visibilité sur leur refinancement. En effet, selon M. Draghi 230 milliards de dettes obligataires émises par les banques arrivent à maturité au premier trimestre 2011. Pour préparer cette échéance, les banques stockent du cash aggravant la crise interbancaire et réduisent la taille de leur bilan donc leur implication dans le financement de l’économie de la zone euro. La BCE souhaite éviter cela en allongeant la maturité des prêts et en permettant de garantir ces emprunts avec des collatéraux de moins bonne qualité.
La décision d’aujourd’hui n’a pas été prise à l’unanimité. Selon Mario Draghi, la « discussion fut animée » autour de la baisse de taux, certains s’y opposant et préférant attendre encore.
Concernant le programme SMP (achat de dettes publiques par la BCE) et la possibilité d’un quantitative easing (QE), Mario Draghi a précisé que les statuts de la banque centrale interdisent le financement direct des Etats et que la BCE ne se mettra pas dans une position où elle pourrait être accusée de transgresser cette règle, y compris l’esprit. Le SMP a pour objet d’éviter une crise de liquidité sur le marché obligataire qui remettrait en cause la transmission de la politique monétaire. Il n’a "pas vocation à être éternel" et ne le sera pas. Toutefois, M. Draghi a aussi ajouté que le SMP n’avait pas de plafond d’encours maximum a priori. Le SMP sera aussi pleinement stérilisé (la BCE récupère les montants de liquidité injectés via ses achats chaque semaine).
Principaux éléments à retenir
Rien dans le communiqué ou lors de la séance de Q&R ne permet d’indiquer si la BCE poussera plus loin et baissera dès le mois prochain le refi sous 1 %. L’opposition de certains Gouverneurs et la recherche en général de l’unanimité laisse plutôt entendre que ce mouvement sera différé encore de plusieurs mois. Seule une récession sévère pourra pousser le Conseil à agir plus rapidement. En revanche, pour la liquidité, on ne voit plus très bien ce que la BCE pourrait faire de plus hormis un QE.
Or, concernant les achats de dettes, en ajoutant aux obstacles légaux l’opposition politique de l’Allemagne et de pays centraux (Pays-Bas, Luxembourg, Autriche), la BCE ne se lancera probablement pas dans un QE (sauf probablement si la France est frappée plus durement).
Il ressort du communiqué de la BCE que les risques sur la croissance se renforcent encore à la baisse tandis que ceux sur l’inflation sont équilibrés. Le principal risque pesant sur l’économie européenne est, bien évidemment, une intensification de la crise de la dette et de ses impacts financiers mais aussi économiques (austérité).
Il n’y a pas de modification du côté du pilier monétaire, les croissances des crédits au secteur privé et plus largement de la masse monétaire M3 sont faibles et donc le risque inflationniste inexistant de ce point de vue.
Les nouvelles projections économiques du staff de la BCE sont :
- pour 2012 : croissance à 0,2 % et inflation à 2,0 %.
- Pour 2013 : croissance à 1,3 % et inflation à 1,6 %.
Ces projections tablent sur un retour graduel de l’inflation sous 2 % en 2012 (3 % en novembre 2011) puis une inflation sous la cible en 2013. La zone euro est aussi placée en récession sur le premier semestre 2012 puis la croissance reprendrait faiblement, restant nettement sous son potentiel (entre 1 ¾ % et 2 %). Au final, la zone euro aura durablement besoin d’une politique monétaire accommodante.
Le discours est suffisamment sombre pour laisser la porte ouverte à de nouvelles baisses, soit un refi sous 1 % pour la première fois de son histoire. Mais les oppositions existent au sein du Comité de Gouverneurs (cf. ci-dessous).
Outre la baisse du refi, la BCE va encore augmenter sa provision de liquidités aux banques. Elle va prêter aux banques à 3 ans, ce qui rajoute une nouvelle maturité à son attirail allant de une semaine, à 6 mois puis 1, 2 et maintenant 3 ans. Les prêts seront en « open bar » (demande entièrement accordée). De plus, les collatéraux acceptés en garantie pourront être de moins bonne qualité.
Plus surprenant, la BCE va réduire de 2 % à 1 % son taux de réserve obligataire. Il s’agit de la fraction des dépôts que les banques doivent obligatoirement immobiliser et déposer à la BCE. Ceci va venir gonfler la base monétaire.
Le problème est que beaucoup de la liquidité déjà injectée ne circule pas mais revient chaque semaine en dépôts auprès de la BCE. Les banques européennes ont un problème de visibilité sur leur refinancement. En effet, selon M. Draghi 230 milliards de dettes obligataires émises par les banques arrivent à maturité au premier trimestre 2011. Pour préparer cette échéance, les banques stockent du cash aggravant la crise interbancaire et réduisent la taille de leur bilan donc leur implication dans le financement de l’économie de la zone euro. La BCE souhaite éviter cela en allongeant la maturité des prêts et en permettant de garantir ces emprunts avec des collatéraux de moins bonne qualité.
La décision d’aujourd’hui n’a pas été prise à l’unanimité. Selon Mario Draghi, la « discussion fut animée » autour de la baisse de taux, certains s’y opposant et préférant attendre encore.
Concernant le programme SMP (achat de dettes publiques par la BCE) et la possibilité d’un quantitative easing (QE), Mario Draghi a précisé que les statuts de la banque centrale interdisent le financement direct des Etats et que la BCE ne se mettra pas dans une position où elle pourrait être accusée de transgresser cette règle, y compris l’esprit. Le SMP a pour objet d’éviter une crise de liquidité sur le marché obligataire qui remettrait en cause la transmission de la politique monétaire. Il n’a "pas vocation à être éternel" et ne le sera pas. Toutefois, M. Draghi a aussi ajouté que le SMP n’avait pas de plafond d’encours maximum a priori. Le SMP sera aussi pleinement stérilisé (la BCE récupère les montants de liquidité injectés via ses achats chaque semaine).
Principaux éléments à retenir
Rien dans le communiqué ou lors de la séance de Q&R ne permet d’indiquer si la BCE poussera plus loin et baissera dès le mois prochain le refi sous 1 %. L’opposition de certains Gouverneurs et la recherche en général de l’unanimité laisse plutôt entendre que ce mouvement sera différé encore de plusieurs mois. Seule une récession sévère pourra pousser le Conseil à agir plus rapidement. En revanche, pour la liquidité, on ne voit plus très bien ce que la BCE pourrait faire de plus hormis un QE.
Or, concernant les achats de dettes, en ajoutant aux obstacles légaux l’opposition politique de l’Allemagne et de pays centraux (Pays-Bas, Luxembourg, Autriche), la BCE ne se lancera probablement pas dans un QE (sauf probablement si la France est frappée plus durement).