Contrairement à ce que nous attendions, lors de sa réunion d'octobre 2011, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’a pas bougé son taux directeur (refi). Il reste à 1,50 %. Le Conseil de Gouverneurs de la banque a décidé d’agir plutôt sur la liquidité et sur les actifs bancaires que sur le refi.
Il s’agissait de la dernière réunion et de la dernière conférence de presse du Président J.-C. Trichet, dont le mandat est arrivé à terme. Il sera remplacé à son poste par Mario Draghi, actuel gouverneur de la banque d’Italie, à partir du mois de novembre.
Il ressort de la conférence de presse de la BCE que la banque a clairement un biais à la baisse pour son taux directeur. La banque centrale juge que les risques sur la croissance sont à la baisse et se sont encore renforcés. Si l’inflation est pour l’instant élevée (3 % sur un an en septembre) et restera au-dessus de la barre de 2 % à court terme, les risques pour la stabilité des prix à moyen terme sont équilibrés. De plus, le pilier monétaire (M3 et les crédits au secteur privé) est toujours trop faible pour indiquer des risques inflationnistes à moyen et long terme. Tout ceci va dans le sens d’une baisse de taux.
Toutefois, il est vrai que les taux sont bas et que la politique monétaire est déjà accommodante (taux réels négatifs). Comme souligné dans le communiqué, la BCE se donne encore un peu de temps pour se décider.
En revanche, la BCE va injecter plus de liquidité dans le système financier de la zone euro. Elle conduira 2 opérations de refinancement spéciales à 12 et 13 mois à la fin de cette année (octobre et décembre). Elle a aussi relâché les modalités pour les opérations de refinancement à 3 mois. Les banques de la zone euro auront donc la possibilité d’obtenir des prêts pour des montants illimités et pas cher jusqu'à des maturités très longues. L’open bar continue donc pour les banques européennes. La BCE se substitue une nouvelle fois au marché interbancaire, afin de lutter contre la crise de liquidité qui frappe la zone euro.
La BCE a aussi décidé de lancer un deuxième étage à son programme d’achat d’actifs (covered bond purchase programme – CBPP2), en achetant 40 milliards € de covered bonds (dettes structurées émises par des banques et assises sur leur portefeuille de prêts). Les achats commenceront en novembre et s’étaleront sur un an. La BCE avait déjà acheté pour 59,2 milliards € lors du CBPP1.
Il faut noter que les achats de covered bonds sont non stérilisés, c'est-à-dire que ce programme correspond à faire du quantitative easing sans le dire.
Ces décisions n’ont pas fait l’unanimité au sein du Conseil, une rupture par rapport au mois précédent où aucune dissension n’avait émergée. Un certain nombre de membres ont demandé une baisse de taux mais pour la majorité il était plus approprié d’agir via les mesures non conventionnelles (liquidité) que via les taux. En effet, la politique monétaire est dans un certain nombre de pays gênée par la crise de la dette et la crise interbancaire. Baisser les taux n’aurait donc pas eu un plein impact. D’où le choix de la BCE.
Concernant la crise de la dette, J.-C. Trichet a rappelé l’opposition de la BCE à un financement direct par la banque centrale du fonds de sauvetage européen (FESF). De plus, les achats de dettes souveraines sont jugés peu risqués pour la BCE (acheté à un prix bas et en peu important en volume dans le bilan de la banque).
Principaux éléments à retenir
Nous nous attendions à une baisse de la BCE (-25 pb) et à une action plus limitée sur la liquidité (pas de « QE-à-la-BCE »). Sur les derniers mois, la dégradation des indicateurs sur l’activité économique en zone euro l’emporte largement sur l’inflation toujours élevée.
Il est possible que certains pays aient du mal à « recevoir » la politique monétaire. Mais le risque de double dip concerne l’ensemble de la zone euro, pas seulement les pays périphériques touché par la crise de la dette. Une baisse de taux est nécessaire, d’autant plus que les hausses précédentes ne l’étaient pas du tout. Le QE reste homéopathique.
Certains observateurs avancent le fait que La BCE n’aurait pas souhaité se déjuger trop vite après la hausse de taux de juillet dernier. D’autre que la baisse de taux interviendrait en novembre pour lancer la présidence de Mario Draghi. Dans les deux cas, l’attente est superflue.
Une façon de se rattraper pour la BCE sera d’agir plus fortement en novembre, en baissant le taux refi de 50 pb, pour revenir au plancher de 1 %.
Il s’agissait de la dernière réunion et de la dernière conférence de presse du Président J.-C. Trichet, dont le mandat est arrivé à terme. Il sera remplacé à son poste par Mario Draghi, actuel gouverneur de la banque d’Italie, à partir du mois de novembre.
Il ressort de la conférence de presse de la BCE que la banque a clairement un biais à la baisse pour son taux directeur. La banque centrale juge que les risques sur la croissance sont à la baisse et se sont encore renforcés. Si l’inflation est pour l’instant élevée (3 % sur un an en septembre) et restera au-dessus de la barre de 2 % à court terme, les risques pour la stabilité des prix à moyen terme sont équilibrés. De plus, le pilier monétaire (M3 et les crédits au secteur privé) est toujours trop faible pour indiquer des risques inflationnistes à moyen et long terme. Tout ceci va dans le sens d’une baisse de taux.
Toutefois, il est vrai que les taux sont bas et que la politique monétaire est déjà accommodante (taux réels négatifs). Comme souligné dans le communiqué, la BCE se donne encore un peu de temps pour se décider.
En revanche, la BCE va injecter plus de liquidité dans le système financier de la zone euro. Elle conduira 2 opérations de refinancement spéciales à 12 et 13 mois à la fin de cette année (octobre et décembre). Elle a aussi relâché les modalités pour les opérations de refinancement à 3 mois. Les banques de la zone euro auront donc la possibilité d’obtenir des prêts pour des montants illimités et pas cher jusqu'à des maturités très longues. L’open bar continue donc pour les banques européennes. La BCE se substitue une nouvelle fois au marché interbancaire, afin de lutter contre la crise de liquidité qui frappe la zone euro.
La BCE a aussi décidé de lancer un deuxième étage à son programme d’achat d’actifs (covered bond purchase programme – CBPP2), en achetant 40 milliards € de covered bonds (dettes structurées émises par des banques et assises sur leur portefeuille de prêts). Les achats commenceront en novembre et s’étaleront sur un an. La BCE avait déjà acheté pour 59,2 milliards € lors du CBPP1.
Il faut noter que les achats de covered bonds sont non stérilisés, c'est-à-dire que ce programme correspond à faire du quantitative easing sans le dire.
Ces décisions n’ont pas fait l’unanimité au sein du Conseil, une rupture par rapport au mois précédent où aucune dissension n’avait émergée. Un certain nombre de membres ont demandé une baisse de taux mais pour la majorité il était plus approprié d’agir via les mesures non conventionnelles (liquidité) que via les taux. En effet, la politique monétaire est dans un certain nombre de pays gênée par la crise de la dette et la crise interbancaire. Baisser les taux n’aurait donc pas eu un plein impact. D’où le choix de la BCE.
Concernant la crise de la dette, J.-C. Trichet a rappelé l’opposition de la BCE à un financement direct par la banque centrale du fonds de sauvetage européen (FESF). De plus, les achats de dettes souveraines sont jugés peu risqués pour la BCE (acheté à un prix bas et en peu important en volume dans le bilan de la banque).
Principaux éléments à retenir
Nous nous attendions à une baisse de la BCE (-25 pb) et à une action plus limitée sur la liquidité (pas de « QE-à-la-BCE »). Sur les derniers mois, la dégradation des indicateurs sur l’activité économique en zone euro l’emporte largement sur l’inflation toujours élevée.
Il est possible que certains pays aient du mal à « recevoir » la politique monétaire. Mais le risque de double dip concerne l’ensemble de la zone euro, pas seulement les pays périphériques touché par la crise de la dette. Une baisse de taux est nécessaire, d’autant plus que les hausses précédentes ne l’étaient pas du tout. Le QE reste homéopathique.
Certains observateurs avancent le fait que La BCE n’aurait pas souhaité se déjuger trop vite après la hausse de taux de juillet dernier. D’autre que la baisse de taux interviendrait en novembre pour lancer la présidence de Mario Draghi. Dans les deux cas, l’attente est superflue.
Une façon de se rattraper pour la BCE sera d’agir plus fortement en novembre, en baissant le taux refi de 50 pb, pour revenir au plancher de 1 %.