Réunion de la BCE septembre 2011 : baisse de taux en vue


La BCE a profondément modifié son discours, laissant entendre que le taux directeur pourrait être abaissé. Il n'est pas évident que cette baisse puisse intervenir dès octobre.



La BCE a ouvert la voie à une baisse de taux directeur à court terme. A l’issue de sa réunion de septembre 2011, la Banque Centrale Européenne (BCE) a laissé son taux refi inchangé, à 1,50 %, mais a nettement revu son discours.

Il ressort du communiqué de la BCE que les risques sur la croissance sont à la baisse et ont fortement augmenté au cours du mois d’août. La BCE considère que la croissance va rester faible au second semestre 2011, avec la dégradation du contexte économique mondial et les effets négatifs de la crise de la dette en zone euro.

On note la complète disparition des phrases sur le risque de « matérialisation d’effets de second tour » (transmission des prix des matières premières à d’autre catégories de biens) et la boucle prix-salaire.

Le pilier monétaire est toujours trop faible pour indiquer des risques inflationnistes à moyen et long terme. La croissance des crédits au secteur privé et plus largement de la masse monétaire M3 est faible.

Les nouvelles projections économiques du staff de la BCE sont :
- pour 2011 : croissance à 1,6 % et inflation à 2,6 %.
- Pour 2012 : croissance à 1,3 % et inflation à 1,7 %.

Ces projections montrent que l’inflation serait l’année prochaine sous la cible de 2 % et que la croissance enregistrerait une nette décélération, passant nettement sous son potentiel (vers 1 ¾ % / 2 %). Au final, le BCE dresse le portrait d’une zone euro ayant besoin d’une politique monétaire accommodante.

Lors de la séance de question et réponses (Q&R), il a été précisé que la décision de laisser le taux refi inchangé fut unanime. J.-C. Trichet insiste sur le changement en profondeur du jugement du Comité concernant la balance des risques.

Concernant la crise de la dette et la liquidité injectée dans le système bancaire, la BCE insiste sur le fait que les mesures déjà implémentées (open bar pour les banques au niveau des opérations de refinancement à 3 et 6 mois notamment) sont suffisantes à l’heure actuelle. Les banques sont incitées à renforcer leur bilan (pas de dividendes et augmentation de capital). Interrogé sur le programme d’achat de dettes souveraines, J.-C. Trichet a juste noté que les achats sont déjà conséquents (plus de 5 milliards € d’achat d’obligations publiques sur les dernières semaines) et que ce programme est une composante à part entière de sa politique non-conventionnelle. Il a ainsi rappelé que durant les années d’avant-crise, la BCE a constamment rappelé l’importance du Pacte de Stabilité de la Croissance (PSC), alors même que la France et l’Allemagne plaidait pour son assouplissement. Les gouvernements sont maintenant mis face de leur responsabilité et doivent absolument respecter leurs engagements (notamment la Grèce).

Concernant l’appel à la sortie de la zone euro de la part d’économiste allemands, J.-C. Trichet s’est carrément énervé, précisant que la BCE a rempli de façon exemplaire son mandat qui est de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro. Le programme d’achat de dette est une mesure d’urgence, rendue nécessaire par l’inconséquence des Etats qui n’ont pas respecté le PSC. Les Etats n'ont en rien obligé la BCE a mettre en place cette mesure. La BCE ne "prend pas d'ordre". La BCE est "férocement indépendante" et sa crédibilité parfaite.

Concernant, la création d’un plancher pour l’EUR/CHF par la BNS, J.-C. Trichet n’a pas fait de commentaire particulier (la BCE « respecte cette décision »).

Principaux éléments à retenir

La BCE a nettement revu la balance des risques sur la croissance et l’inflation depuis la réunion d’août. L’augmentation des risques à la baisse sur l’inflation et un risque sur l’inflation est désormais équilibrée alors qu’ils étaient à la hausse le mois dernier. Ceci met un terme à la phase de hausse de taux entamée au printemps dernier (2 hausses de 25 pb) et ouvre la voie à une baisse à court terme.

En revanche, rien dans le communiqué ou lors de la séance de Q&R ne permet d’indiquer qu’une baisse pour le mois d’octobre est prévue. Mais clairement, elle est envisageable si la dégradation de l’activité économique s’accentue encore.

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 8 Septembre 2011