S&P : les pays AAA de la zone euro en passe d’être dégradés


L’agence de notation S&P menace tous les pays AAA de la zone euro de dégradation à court terme. S&P en précise les raisons et donne ses pistes pour sortir de la crise.



S&P : les pays AAA de la zone euro en passe d’être dégradés
L’agence de notation S&P a placé les pays encore AAA de la zone euro sous surveillance négative. Ceci implique que l’agence envisage dans un futur proche d’abaisser ses notations sur les dettes souveraines (échelle de S&P : AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-, etc.). Tous les pays AAA (Allemagne, France, Pays-Bas, Autriche et Finlande) conservaient jusqu’ici une perspective stable.

De plus, tous les autres pays, de l’Italie à Chypre, sont aussi placés sous surveillance négative. Ceci laisse donc entendre que dans les mois qui viennent les notes seront abaissées.

Dans son communiqué, S&P donne des détails sur les raisons de cet abaissement de la perspective. Pour l’agence, cinq facteurs jouent en défaveur de la zone euro et menace la stabilité des finances publiques.

Premièrement, les banques européennes sont en difficultés et restreignent la distribution du crédit à cause de la crise interbancaire, de la dégradation des actifs dans les bilans et des besoins importants de recapitalisation encore non couverts.

Deuxièmement, l’extension de la crise de la dette et la dévalorisation des obligations d’Etat poussent les investisseurs à demander des primes de risque toujours croissantes pour détenir de la dette publique.

Troisièmement, les gouvernements n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un plan de sortie de crise cohérent et décisif. L’absence de consensus politique entache la crédibilité de la zone auprès des investisseurs. La crédibilité et la stabilité politique sont endommagées.

Quatrièmement, les niveaux de dettes, y compris des ménages, sont trop importants. L’incertitude économique et les hausses d’impôts poussent les particuliers à épargner plus, réduisant le potentiel de croissance à court terme mais aussi la liquidité pour les Etats.

Enfin, les perspectives de croissance pour 2012 ne cessent de s’affaiblir. S&P juge que la zone euro n’échappera pas à une récession sur le premier semestre de l’année prochaine, même si cette dernière restera limitée dans son ampleur. Un rebond au second semestre permettra à la croissance d’atteindre un petit 0,4 % sur l’année. Mais cette prévision est fragile et l’agence estime à 40 % la probabilité d’une récession plus profonde avec une contraction du PIB sur 2012.

S&P a agit en amont du sommet prévu les 8 et 9 décembre car elle juge que les 5 éléments ci-dessus ne trouveront pas de réponse rapide compte tenu du contexte et de l’état des négociations politiques.

Pour l’agence, il conviendrait de mener de façon crédible et avec un engagement politique très fort des gouvernements des réformes économiques importantes (flexibilisation des marché du travail, des biens et des services) afin de stimuler la production dans les pays périphériques, d’augmenter la productivité et de gagner des marchés à l’export. Ceci, bien sûr, en ramenant les finances publiques vers l’équilibre rapidement. Il faut noter que pour S&P, l’austérité seule n’est pas une solution, car elle engendre un cercle vicieux entre déficit et croissance.

Outre des réformes internes, une intégration budgétaire plus poussée, une surveillance plus étroite des budgets nationaux, des transferts entre pays et des émissions d’eurobonds seraient de nature à restaurer la confiance des investisseurs. Ceci permettrait à la BCE d’agir de façon plus importante à travers son programme SMP d’achats de dettes publiques.

Équipe Gecodia.fr

Mardi 6 Décembre 2011



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