Finances publiques en Europe : une grille d’analyse pour juger de l’insolvabilité des États


La crise des finances publiques des PIGS (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) a éclaté fin 2009 et a déjà fait 2 victimes. Comment juger des prochains sur la liste ?



Pour juger de la solvabilité des États européens à rembourser leur dette, nous vous proposons une grille d’analyse. Elle se base sur quatre éléments par ordre de priorité :
Le niveau de déficit structurel en 2011, définissant la position de faiblesse intrinsèque du pays. Cet indicateur permet de mesurer le besoin de financement à moyen terme à politique inchangée.La part des obligations publiques détenues par l’étranger. L’idée est de mesure le degré de dépendance des États vis-à-vis des investisseurs internationaux. Plus il est élevé, plus le pays a un risque de liquidité (pas d’acheteur pour la dette).La perte de richesse enregistrée par le pays depuis le début de la crise. Une mesure de la capacité à mettre en place de nouvelles mesures d’austérité. On considère que c’est d’autant plus douloureux (et donc d’autant moins possible) que la perte de PIB reste élevée.La perte de croissance potentielle. Il s’agit ici de se demander si le pays pourra retrouver un rythme de croissance proche ou pas de celui qu’il avait avant crise. Plus l’écart entre la croissance potentielle (mesurée par l’OCDE) actuelle et celle de 2008 est élevé, plus le pays devra faire des efforts pour maitriser ses finances publiques.

Sans surprise, on s’aperçoit que l’Irlande est en très mauvaise position. La Grèce est étonnamment bien placée car le déficit structurel de 2011 inclut les mesures déjà prises. Le Portugal n’est pas si mal que ça mais son taux de dépendance illustre le problème de liquidité de ce pays.

On s’aperçoit aussi que les grands pays sont à des degrés variés dans une situation délicate. Les déficits structurels sont très élevés au Royaume-Uni et aux USA mais ces pays ont une base domestique d’investisseurs importante. La Finlande se classe mal sauf pour le déficit structurel (soit le plus important). En revanche, si la situation n’est jamais très mauvaise pour la France, elle est suffisamment dégradée du côté du déficit structurel et de la base d’investisseur pour commencer à poser problème.

En fait, les finances publiques françaises semblent dans une position plus défavorable que celle de l’Italie malgré son niveau de dette plus élevé ou de l’Espagne bien que la situation soit difficile du côté des taux d’intérêt sur les emprunts d’État.

Bref, une analyse qui rejoint ce que nous écrivions au sujet du déficit budgétaire français. Il sera difficile pour la France de se maintenir en dehors de la crise sur les finances publiques, si la situation persiste et surtout si les mesures prises ne sont pas suivies d’un réel impact sur les comptes publics. Ce qui n’est pas du tout le cas pour l’instant, les dépenses de l’État central progressant de près de 20 % par rapport à 2009.

Equipe Gecodia

Mardi 23 Novembre 2010